L’investissement privé, un coup de pouce nécessaire pour la recherche

L’investissement privé

Dans un rapport* publié en 2019 dans le cadre de la Loi de programmation pluriannuelle pour le financement de la recherche, la commission relève plusieurs carences dans ce domaine.

Ces carences engendrent ce que l’on peut nommer « un manque de créativité » dans le monde de la recherche. Vous me direz, que fait la créativité dans un environnement aussi précis aussi pointu que l’étude scientifique ? Il est donc nécessaire donner une définition, pour ce faire nous allons comparer deux domaines qui semblent opposés mais qui possèdent tout de même des similitudes, l’art et la recherche. La créativité dans le monde de l’art ne souffre d’aucune limite si ce n’est celle de l’imaginaire, à contrario la recherche se cantonne au monde réel et essaie de l’expliquer. Il existe toute fois, une forme de créativité dans la recherche qui s’apparente à celle de l’art et qui intervient dans la façon d’expliquer les choses, dans les hypothèses que l’on avance pour les décrire et c’est là qu’il est nécessaire d’agir.

Etat des lieux

Ce qu’il faut soulever, c’est que les financements des sujets d’études sont si faibles qu’il sont cadrés, orientés et hiérarchisés, ceci bride, d’une certaine manière, la créativité des chercheurs. Le rapport cite les chiffres suivants : « en 20162 , la France a investi en R&D 42,6 Md€ de moins que l’Allemagne. Le niveau de financement de la recherche connait une baisse régulière pour la France avec 2,28 % du PIB en 2014 jusqu’à 2,19 % estimé en 2017, loin derrière des pays comme la Corée, le Japon, l’Allemagne et les États-Unis ». L’investissement est donc en baisse et cela ne s’améliore pas avec les années, il faut donc agir. Les investissements sont issus, en grande partie de fond publiques, par conséquent les recherches ne répondent pas aux mêmes objectifs puisqu’il sont très cadrés et souvent investis dans des recherches, ou déjà entamées et donc ne laisse pas la place à d’autres voies, ou ils sont utilisés dans des projets qui n’ont pas d’applications industrielles immédiates. Les investissements privés sont très faibles comparativement aux autres pays en tête dans la recherche et le rapport explique cela de la manière suivante: « la France a perdu du terrain, et le niveau de financement public et privé de la recherche reste très en dessous de ce qu’il dQevrait être.

En 2016, les dépenses engagées pour des travaux de R&D exécutés sur le territoire français (DIRD) se sont élevées à 49,5 milliards d’euros, soit 2,22 % de la richesse nationale : c’est moins que la moyenne des pays de l’OCDE, et loin de l’objectif de 3 % fixé au début du 21ème siècle par la stratégie de Lisbonne. Cet écart est dû à deux facteurs qu’il convient de traiter simultanément, le faible niveau de la dépense publique en R&D (DIRDA), à peine au niveau moyen de l’OCDE, et loin des ambitions de la France, et la trop faible dépense privée (DIRDE). Sur la période de comparaison 2011-2016, la DIRDA a stagné en France, pendant qu’elle augmentait dans la plupart des pays meneurs (Allemagne, Corée du sud, Israël, pays scandinaves…) ».

Quels instruments pour pallier à la carence des investissement ?

On peut donc constater que les investissements publiques et privés sont en dessous du seuil permettant à la France de rester meneuse dans ce domaine. Il est donc nécessaire d’investir de manière beaucoup plus importante et, plus diversifiée afin d’augmenter la part des investissements privés. Un des moyens serait d’inciter les acteurs privés à investir dans des entités, au sein de leur structure, de R&D et de créer des partenariats avec les laboratoires et les universités. Il existe des dispositifs d’exonération d’une part des impôts des sociétés sur les fonds dédiés à la recherche, mais il faudrait aller plus loin. La recherche française reste excellente et d’un très haut niveau, mais le manque de financement, les orientations des laboratoires et les faibles salaires des chercheurs et enseignants-chercheurs entrainent une baisse des publications scientifiques et une perte de vitesse dans ce domaine. Combien de découvertes avons-nous vu échapper à la France ? Combien de fuite de cerveaux avons-nous subi ? Combien d’applications industrielles avons-nous perdu au profit d’autres nations ?

L’émulation et la créativité que peut créer des environnements tels que ceux que pourraient proposer les entreprises et leurs unités de R&D, permettraient de redonner à la France sa place parmi les nations en tête, et cela est tout à fait réalisable. Il ne s’agit pas là de créer un système à l’américaine ou la plupart les labos sont financer par des entreprises, mais plutôt, d’inciter les entreprises à créer des lieux dans lesquels la créativité ne sera pas bridée et sera encouragée avec des objectifs à courts termes et de possibles applications industrielles. Il faut soutenir des initiatives comme celle que cite le rapport en ces termes : « Il est de première importance de soutenir la base « culturelle » de nos connaissances et la recherche poussée par la curiosité et la créativité (« Blue Sky Research ») à travers le financement de base des laboratoires, car c’est d’elles qu’émanent les ruptures de paradigme nécessaires à l’avancement de la science et de la société, ainsi que l’influence globale de notre société dans les affaires mondiales ».

En conclusion l’investissement privé donnerait un nouveau souffle à la recherche en France et impliquerait de surcroit une émulation des les domaines de recherche, sans trop souffrir des inconvénients des laboratoires publiques, même si les entreprises auront aussi des orientations plus pragmatiques et à cours termes.

* https://cache.media.enseignementsup-recherche.gouv.fr/file/loi_programmation_pluriannuelle/45/9/RAPPORT_FINAL_GT1_-_Financement_de_la_recherche_1178459.pdf